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La phalange atteignit l’extrémité du pont, et ne s’arrêta qu’un moment tandis que leur chef regardait prudemment devant lui, le long de la première enceinte qui était maintenant pleine de petites baraques, et jusqu’à la jetée, puis il donna vivement ses ordres. Ensuite, accompagné peut-être d’une dizaine de gros bras, il tourna et descendit au pas de course le sentier menant au fleuve, tandis que les autres continuaient leur route avec décision. Les citadins, intéressés, tout aussi vifs et silencieux, emboîtèrent le pas aux deux groupes. Ils n’auraient pas donné leur place pour un empire. Plus calme, Cadfael observait tout ce beau monde, et il eut confirmation qu’ils ne venaient pas pour discuter. Aucun n’avait de gourdin ; il ne pensait pas non plus qu’ils aient des couteaux. Ils n’avaient rien de belliqueux, sauf la mine. De plus, il les connaissait presque tous ; aucun n’était dangereux. Tout de même, vaguement inquiet, il suivit le premier groupe. On savait que le jeune Corvisart avait la tête près du bonnet, qu’il n’était pas bête, qu’il était plein d’idées pas toujours heureuses, qu’il passait la moitié de son temps à se battre avec ses aînés, et qu’à l’occasion il buvait plus qu’il ne pouvait le supporter. Ce soir pourtant, il n’avait sûrement pas bu ; il avait d’autres chats à fouetter.
Cadfael soupira, descendant sans enthousiasme le chemin menant au fleuve. Les jeunes ont souvent tendance à se laisser dangereusement entraîner sans réfléchir, là où ceux qui ont de l’expérience n’insisteraient pas.
Il ne fut pas surpris de constater que Rhodri ap Huw, qui ne manquait pas d’expérience, avait disparu de la jetée avec son second porteur et tous ses biens. Mais il ne serait pas loin, une fois qu’il aurait tout mis dans sa baraque. Il tiendrait à ne pas manquer le spectacle, et prendrait ses dispositions en conséquence, veillant à rester hors de vue, à un poste qu’il pourrait quitter sans peine quand il le jugerait bon. Une demi-douzaine de bateaux étaient occupés à décharger, dominés par la péniche majestueuse de Thomas de Bristol qui entendit soudain ce pas de charge descendant la colline ; il se tourna pour jeter un coup d’oeil impérieux de ce côté, avant de se consacrer de nouveau au débarquement de ses biens. L’étalage des tonneaux et des balles sur la jetée était impressionnant. Les jeunes qui arrivaient ne pouvaient manquer d’évaluer les forces auxquelles ils auraient à faire face.
— Messieurs... ! appela Philippe Corvisart, s’arrêtant bien en équilibre, en face de Thomas Bristol. – Sa voix portait loin et des marchands de moindre importance s’arrêtèrent pour l’écouter. Messieurs, reprit-il, veuillez me prêter une oreille attentive, vous qui tous venez d’une ville comme moi de Shrewsbury, et qui aimez votre ville comme moi la mienne ! Vous payez des loyers et des taxes à l’abbaye, alors qu’elle refuse d’aider la ville. Et nous avons plus besoin que l’abbaye de ce que vous lui versez.
Il respira profondément, ayant prononcé cette tirade sans reprendre haleine. Il ne savait trop quoi faire de ses membres, car il avait, à vingt ans à peine, tout juste terminé sa croissance. Il était élégamment vêtu, mais ses souliers étaient fatigués, remarqua Cadfael, qui vit là une preuve de plus au vieux dicton prétendant que les cordonniers (ou leurs fils) sont toujours les plus mal chaussés. Il avait une épaisse chevelure brune tachée de roux, et un bon visage ordinaire, que la colère faisait pâlir sous le hâle de l’été. Quand il n’était pas en colère pour une raison quelconque, c’était un habile artisan. Mais aujourd’hui, il avait de quoi se fâcher ; il utilisait pour ces hommes d’affaires têtus les mêmes arguments que son père envers l’abbé, avec le plus grand sérieux, espérant même – sa naïveté passerait bien avec l’expérience – les convaincre !
— Si l’abbaye se désintéresse de nos problèmes, est-ce une raison pour vous d’en faire autant ? Nous sommes ici pour vous donner notre point de vue ; nous vous parlons comme à des hommes qui ont les mêmes soucis chez eux ; et vous connaissez peut-être, et pour cause, les effets d’une guerre et d’un siège sur une ville. Avons-nous tort de réclamer une part des profits de la foire ? Il n’y a pas eu autant de dégâts à l’abbaye que chez nous. Puisqu’ils ne veulent pas nous aider, nous nous adressons à vous, qui n’êtes pas protégés contre la dureté du monde et qui sympathiserez avec ceux qui ont les mêmes soucis que vous.
Ils commençaient à se détourner de lui, à hausser les épaules et à retourner à leur travail. Il éleva la voix pour se faire entendre.
— Nous vous demandons seulement de garder un dixième des taxes dues à l’abbaye et de les verser à la ville pour ses murs et ses rues. Si nous nous serrons les coudes, les intendants de l’abbaye ne pourront rien contre vous. Ça ne vous coûtera pas plus cher, et ça ne sera que justice. Qu’en dites-vous ? Voulez-vous nous aider ?
A d’autres ! Le grondement indifférent et moqueur se passait de mots. Quoi ? Remettre en question ce qu’une charte avait fixé ? Qu’y gagneraient-ils ? Pourquoi prendre ce risque ? Ils se remirent au travail en haussant les épaules. Les jeunes gens derrière lui commencèrent à murmurer ; ils se contrôlaient encore, mais leur colère montait. Thomas de Bristol, massif et méprisant, agita le poing sous le nez de leur porte-parole.
— Ouste, mon garçon ! File, tu nous embêtes. Payer une dîme à la ville, rien que ça ! Les droits de l’abbaye ne sont-ils pas légaux ? Auras-tu le culot de me dire que l’abbaye ne vous paie pas la somme fixée par la charte ? S’ils ne respectent pas la loi, allez vous plaindre au shérif, il est là pour ça, mais ne viens pas nous raconter n’importe quoi ! Allez, disparais et laisse les honnêtes gens travailler.
— Les hommes de Shrewsbury sont aussi honnêtes que vous, monsieur, mais ils ne s’en vantent pas, eux. Pour nous l’honnêteté va de soi ! Et quand je dis que nos murs et nos rues ont souffert, je ne dis pas n’importe quoi ! Par contre, l’abbaye et la première enceinte sont intactes. Non, écoutez-moi...
Le marchand tourna dédaigneusement son large dos voûté, alla reprendre le bâton qu’il avait posé contre ses tonneaux et fit signe à ses hommes de continuer. Indigné, Philippe le suivit, vexé par cette brimade délibérée, comme si on avait simplement écarté un moucheron.
— Maître marchand, s’exclama-t-il furieux. Un mot encore ! Et il empoigna la manche de beau drap de Thomas.
Tous deux étaient coléreux, et au mieux l’orage aurait pu éclater plus tard, mais Cadfael eut le sentiment que Thomas avait été vraiment surpris par cette main sur son bras et crut qu’on allait l’attaquer. Quoi qu’il en fût, il se tourna et frappa à l’aveuglette avec son bâton. Le garçon leva le bras pour se protéger la tête ; trop tard. Atteint à l’avant-bras et à la tempe, il s’écroula pour le compte ; du sang coulait d’une coupure au-dessus de son oreille.
La manifestation digne et pacifique s’arrêta net et ce fut la guerre. Beaucoup de choses arrivèrent à cet instant. Philippe, à demi assommé, était tombé sans dire ouf, mais quelqu’un avait poussé un léger cri aigu de protestation, aussitôt noyé dans le rugissement de colère des garçons de la ville. Deux d’entre eux coururent vers leur chef, mais les autres criant vengeance se précipitèrent sur les marchands, tout aussi excités, et on s’empoigna joyeusement. En un tournemain, les marchandises fraîchement débarquées retournèrent au fleuve, aussitôt suivies, dans une plus grande gerbe d’eau, d’un attaquant. Heureusement ceux qui avaient toujours vécu près de la Severn apprenaient à nager avant de savoir marcher, et le jeune homme ne risquait pas de se noyer. Quand il sortit de l’eau pour retourner au combat, on se colletait tout le long du fleuve.
Quelques villageois, plus calmes, s’étaient prudemment approchés pour essayer de séparer les combattants et de faire entendre raison aux jeunes agresseurs ; un ou deux, plus audacieux, avaient pris des coups qui ne leur étaient pas destinés, sort fréquent chez ceux qui veulent rétablir une paix qui n’intéresse personne.
Cadfael aussi s’était précipité vers la jetée pour prévenir un second coup, qui aurait pu être mortel, à en juger d’après le visage congestionné du marchand et son gourdin levé... Mais quelqu’un le précéda. Une jeune fille était sortie à toute vitesse de la cabine minuscule, les jupes retroussées, et elle sauta à terre juste à temps pour s’accrocher de tout son poids au bras frémissant.
— Non, mon oncle, je t’en prie ! gémit-elle, suppliante. Il n’a rien fait ! Tu l’as sérieusement blessé !
Bien qu’il n’y vît pas, les yeux bruns de Philippe Corvisart étaient restés ouverts ; il cligna furieusement des paupières en entendant cette voix inattendue. Il se mit péniblement à genoux, retrouva la mémoire et tenta de se redresser sur ses pieds pour se battre. Ses efforts ne furent guère couronnés de succès. Ses jambes se dérobèrent sous lui et il se prit la tête à deux mains comme s’il craignait qu’elle ne tombât s’il la secouait. Mais c’est la jeune fille qui, dès qu’il la vit, l’arrêta net. Elle restait accrochée au bras du marchand et lui parlait à l’oreille d’une voix angélique qui aurait apaisé un dragon ; ses grands yeux inquiets s’apitoyaient sur Philippe. Et elle appelait ce vieux démon « mon oncle » ! En un instant Philippe oublia sa vengeance, sans regret à en juger par le changement d’expression sur son visage meurtri et furieux. Encore sonné, se balançant sur les genoux, il fixait la jeune fille comme des pèlerins une vision miraculeuse ou des voyageurs égarés l’étoile polaire.
Et elle méritait bien qu’on la regardât. Dix-huit, dix-neuf ans, la tête et les bras nus, deux grandes tresses noires comme l’aile d’un corbeau se balançaient jusqu’à sa taille, encadrant un visage rond, enfantin, tout de neige et de rose, éclairé par deux grands yeux bleu sombre, pleins d’inquiétude pour le moment, protégés par de longs cils. Rien d’étonnant si sa voix seule pouvait calmer son diable d’oncle aussi sûrement que sa présence avait arrêté les deux garçons qui s’étaient rués pour aider et venger leur chef et qui restaient là, bouche bée.
A présent le combat sur la jetée se transformait en un désordre épouvantable ; on se tordait sur les planches, on se bousculait près des tonneaux, on s’envoyait valser bruyamment dans tous les sens. Cadfael empoigna le jeune Corvisart, le remit debout, le tira à l’écart et le jeta dans les bras de ses amis, car il n’avait pas repris tous ses esprits. Un tonneau qui roulait flanqua Thomas par terre et la jeune fille, projetée sur le côté, oscilla dangereusement au bord de la jetée.
Une silhouette blonde, agile, frôla Cadfael en trombe, évita légèrement un autre tonneau d’un saut gracieux et la tira hors de danger. Cette grâce, cette assurance presque insolente, ces cheveux blonds étaient familiers à Cadfael. Il se contenta d’aider Thomas à se relever et à se réfugier hors d’atteinte ; quand ce fut fait, il ne fut pas vraiment surpris de voir un long bras galamment passé autour de la taille de la jeune fille. Elle-même n’avait pas l’air pressée de se dégager. En fait elle regardait le visage avenant, souriant et rassurant de son sauveur à peu près comme Philippe l’avait regardée, elle.
— Là, vous ne risquez plus rien ! Mais laissez moi vous aider à remonter à bord, où vous feriez mieux de rester avec votre oncle. C’est mon avis, monsieur, dit-il très sérieusement. Personne ne vous ennuiera plus. Avec cette dame auprès de vous, qui pourrait être aussi discourtois ?
Ses yeux étaient pleins d’une admiration candide. Et la belle peau crémeuse de la jeune fille devint toute rose.
Un peu secoué, Thomas s’épousseta ; il pesait lourd et sa chute l’avait ébranlé.
— Merci beaucoup, monsieur, et à vous aussi mon frère. Mais mes vins... mes marchandises...
— C’est notre affaire, monsieur ; on sauvera ce qu’on pourra. Restez tranquillement à bord et attendez. Il n’y en a plus pour longtemps. Les gens d’armes vont venir parler à ces jeunes agités d’une minute à l’autre. La moitié d’entre eux sont partis renverser les étals de la première enceinte et pourchasser les intendants de l’abbaye. Avant longtemps ils seront dans les prisons de la ville ; ils auront une bonne migraine et regretteront de s’être opposés à l’abbé d’un monastère bénédictin.
Il gardait un oeil sur Cadfael, occupé à redresser et à récupérer les tonneaux fugitifs, mais qui pouvait tout entendre. Il approuva les plans de ce jeune homme sympathique et plein de ressources au visage grave et digne, mais au regard malicieux, qui se moquait gentiment du représentant le plus proche des bénédictins.
— Je m’appelle Ivo Corbière, dit vivement leur sauveteur, du manoir de Stanton Cobbold, dans ce comté, mais la majeure partie de mes domaines se trouve dans le Cheshire. Si vous le permettez, je serai heureux de vous aider...
S’il avait enlevé son bras de la taille de la jeune fille, cérémonieusement mais à contrecoeur, il continuait à la dévorer et à la caresser du regard ; elle s’en rendait bien compte et ne trouvait pas cela désagréable.
— Tiens ! s’écria Corbière, tandis qu’un jeune homme penché sur le parapet du pont lançait un coup de sifflet aigu. Regardez-les plonger pour se cacher. Leur vigie a localisé les hommes du shérif qui s’approchent.
En effet une demi-douzaine de têtes apparurent et un nombre équivalent de jeunes gens, tout ébouriffés, s’arrachèrent au combat et s’égaillèrent dans la nature comme une volée de moineaux. L’un d’eux passa même sous l’arche du pont pour se retrouver de l’autre côté de l’eau, sans autre dommage que d’avoir mouillé ses chaussures. Un moment après le pont résonna sous les sabots des chevaux, et une demi-douzaine de gens d’armes arrivèrent au trot sur la jetée, tandis que le reste de la compagnie se répandait sur le champ de foire.
— C’est presque fini ! s’écria gaiement Ivo Corbière. Voulez-vous me prêter une rame ? Je suppose que vous connaissez le fleuve mieux que moi, et une partie de la marchandise durement gagnée de cet homme y fait trempette ; on peut sûrement en sauver une bonne partie.
Il ne demanda la permission à personne, il avait choisi le bateau le plus petit et le plus maniable qui se balançait près de la jetée et s’y était déjà installé, avant que les gens d’armes ne poussent leurs chevaux entre les combattants, et ne commencent à attraper par les cheveux ceux qu’ils connaissaient. Cadfael le suivit. L’horloge qu’il avait dans la tête lui signala que Complies était dans dix minutes et qu’il ferait mieux de laisser agir ce jeune homme sûr de lui, mais on l’avait envoyé là pour aider un client de la foire de l’abbaye, et il pourrait invoquer cette excuse. Il s’assit dans la barque d’emprunt, une rame dans chaque main, surveillant le tonneau le plus proche qui flottait à la surface de l’eau où jouaient les reflets du crépuscule, avant de trouver une réponse, ce qui était mieux que rien.
Le bruit s’atténua bientôt. Tous ceux qui étaient restés étaient occupés à rattraper des balles et des paquets jetés à l’eau, les poursuivant jusque dans des petites anses où ils s’étaient arrêtés ; ils abandonnaient ce qui était trop trempé pour être récupéré, passant cela aux profits et pertes, calculant avec reconnaissance ce qu’ils pourraient encore gagner quand ils auraient acquitté tous les droits et taxes. Ça n’était pas si grave après tout. Sur la première enceinte, on redressait les étals, on ressortait les produits à vendre. Le désordre n’avait certainement pas gagné la foire aux chevaux, où les gros marchands déballaient leurs biens. Près du château et de la prison, une dizaine de jeunes soignaient leurs légères blessures et leur mécontentement, en se demandant comment leur manifestation pacifique avait bien pu engendrer cette pagaille. Quant à Philippe Corvisart, nul ne savait où il était passé après s’être débarrassé de ses admirateurs. L’ordre était revenu ; au fond il ne s’était pas passé grand-chose. Le shérif Prestcote ne serait pas trop méchant pour ces jeunes imprudents pleins de bonnes intentions.
— Messieurs, s’écria Thomas qui, maintenant qu’il était rassuré, devenait expansif, comment vous remercier pour votre aide généreuse ? Les tonneaux n’ont pas subi de dommage. Ceux qui m’achèteront mon vin devront simplement le laisser reposer un bon moment avant de le boire. Heureusement les sucreries n’étaient pas déballées. Je n’ai pas perdu grand-chose. Et ma nièce vous doit beaucoup. Approche, mon enfant, ne te cache pas, viens saluer ces braves gens ! Permettez-moi de vous présenter ma nièce Emma, la fille de ma soeur, Emma Vernold, héritière de son père qui était maître-maçon dans notre ville et la mienne aussi, car c’est ma seule parente. Verse-nous du vin, Emma, ma mignonne.
La jeune fille n’était pas restée inactive pendant ce temps. Elle avait mis sur ses tresses une résille dorée et passé sur sa robe de tous les jours une belle tunique de lin brodé. Pas en mon honneur ! songea Cadfael. Il était grand temps pour lui de partir et de retourner à ses occupations. Pour récupérer des marchandises il avait manqué Complies, et il devrait travailler une heure ou deux dans son atelier avant de se coucher. D’ailleurs personne ne se coucherait de bonne heure cette nuit. Thomas n’était pas homme à laisser à d’autres le soin de veiller sur ses biens, même s’il avait confiance en ses trois serviteurs. Il irait bientôt au champ de foire pour s’assurer que tout était disposé comme il l’entendait et prêt pour le lendemain. Et s’il trouvait bon de laisser seuls ces beaux jeunes gens jusqu’à son retour, ça le regardait. Il avait été impressionné par le fait qu’Ivo possédait un manoir, entre autres. Pourquoi avait-il suggéré qu’Emma deviendrait riche ? Mais un oncle conscient de ses devoirs essaie toujours de trouver un bon mari pour sa nièce. Et celui-là avait été séduit par son allure avant d’entendre parler de sa fortune. Rien d’étonnant, elle était ravissante.
Cadfael s’excusa, souhaita le bonsoir à tous et revint tranquillement vers le portail. La première enceinte était pleine de monde, mais calme. L’ordre était revenu et la foire pourrait s’ouvrir sans problème le lendemain.